Pourquoi un hébergement temporaire ?

Les situations nécessitant un hébergement temporaire sont variées :

  • Traitements longs ou fractionnés : radiothérapie, chimiothérapie, greffes, nécessitent parfois plusieurs séjours successifs sur place.
  • Éloignement géographique : environ 20 % des patients pris en charge dans les grands centres franciliens viennent d’autres régions (source : INCa 2022).
  • Absence de réseau sur place : la famille ou les proches ne peuvent pas toujours héberger ou accompagner durablement le patient.
  • Soutien des proches aidants : leur présence est souvent précieuse pendant les soins, mais pas toujours compatible avec une hospitalisation classique.

Ces questions logistiques deviennent vite centrales : sans solution d’hébergement adaptée, certains patients renoncent à des soins spécialisés, ou vivent leur parcours dans des conditions précaires, facteur supplémentaire de vulnérabilité.

Cartographie des principales solutions d’hébergement en Île-de-France

Face à cette demande, l’Île-de-France a développé une palette de solutions complémentaires, relevant du secteur hospitalier, associatif, social ou privé. Panorama des dispositifs principaux :

1. Les structures hospitalières d’hébergement non médicalisé

  • Les lits d’accompagnement et les « unités hôtelières » hospitalières Certains hôpitaux d’Île-de-France proposent, en lien avec les soins ambulatoires ou des hospitalisations de jour, des lits d’accompagnement pour le patient et/ou ses proches. Ces chambres, situées à proximité directe des unités de soins, sont réservées via le service social ou le secrétariat du service médical concerné.
    • Exemples : Institut Curie (Paris, Saint-Cloud), Gustave Roussy (Villejuif), Hôpital Saint-Louis AP-HP.
    Points clés : solution pratique, réservée aux patients suivis dans l’établissement, occupée pour de courts séjours (souvent 1 à 7 nuits selon l’indication).

Comment en bénéficier ? Il faut en faire la demande via le service de soins ou l’assistante sociale avant l’admission ou lors de la consultation médicale. Les places étant rares, l’anticipation est importante.

2. Les maisons d’accueil hospitalières (MAH)

  • Définition et fonctionnement Encadrées par le Code de la santé publique (article L 6327-1), les MAH sont des hébergements non médicalisés situés à proximité de grands hôpitaux. Elles accueillent les patients reçus en soins ambulatoires, ainsi qu’un proche le cas échéant.
    • En Île-de-France, une dizaine de maisons d’accueil proposent près de 200 places (source : Fédération Française des MAH, liste consultable sur Fédération française des MAH).
    • Exemples : Maison de Parents de Paris (15e), Maison d’Accueil Hospitalière de Villejuif, Maison des Parents de Garches (92).
  • Conditions d’accès : Accessibles sur présentation d’une prescription médicale et parfois d’une participation financière. Le coût moyen d’une nuitée est compris entre 20 et 33 € (chiffres 2023).
  • Services proposés : Chambres doubles ou individuelles, espace cuisine, salon, soutien administratif et parfois social, accueil des enfants pour certains établissements.

3. Les structures associatives et fondations

  • Le réseau des appartements de Ligue contre le cancer Dans certains départements franciliens, la Ligue contre le cancer ou d’autres associations proposent des appartements ou studios lorsque l’offre hospitalière est saturée.
    • Exemple : Ligue contre le cancer Val-de-Marne.
  • Les relais logement-solidarité Des associations franciliennes (ex : « Les Voisins Solidaires des Hôpitaux », « Solidarité Logement Cancer ») facilitent la mise à disposition de logements solidaires à faible coût pour de courts séjours.
  • Fondations d’entreprise et mécénat Certaines fondations gèrent ou soutiennent des hébergements dédiés aux patients malades et à leurs proches (Fondation Ronald McDonald, Fondation Cognacq-Jay).

4. Hôtels conventionnés et plateformes de réservation spécifiques

  • Hôtels partenaires via des conventions hospitalières Pour pallier l’insuffisance d’hébergement hospitalier, des centres hospitaliers passent parfois des accords avec des hôtels proches. Les tarifs sont négociés et parfois pris en charge, totalement ou partiellement, selon la situation du patient.
  • Plateformes et associations spécialisées Exemple notable : l’association "Les Loges" met en relation des malades et des proches avec des particuliers ou hôtels solidaires aux abords des grands hôpitaux parisiens.

Les critères de choix et points de vigilance

Face à la diversité de l’offre, plusieurs éléments sont à évaluer pour sélectionner une solution adaptée :

  • Proximité avec le lieu de soin : pour limiter la fatigue des transports (notamment en radiothérapie quotidienne).
  • Accessibilité : certains logements sont aménagés pour les personnes à mobilité réduite, d’autres non. La demande se fait généralement via le service social qui vérifie ces prérequis.
  • Durée de séjour : de quelques jours à plusieurs semaines : il existe des listes d’attente à anticiper sur les villes universitaires ou lors des grands pics d’activité hospitalière.
  • Tarif et reste à charge : Tous les hébergements ne bénéficient pas du même niveau de prise en charge, mais des aides existent dans la plupart des cas.
  • Accompagnement possible d’un proche ou d’un aidant : un critère majeur pour de nombreux patients. Vérifier la politique de chaque structure.
  • Services complémentaires : accès à une cuisine, à un accompagnement administratif, au Wi-Fi, à des espaces collectifs apaisants, parentalité (garde d’enfants), etc.

Dans tous les cas, il est conseillé de se rapprocher du service social de l’établissement de soins, qui a une vision précise des places disponibles, des critères d’attribution et des aides possibles.

Aides financières pour l’hébergement temporaire

Le coût du logement temporaire est un frein pour de nombreuses familles touchées par le cancer. Plusieurs dispositifs de soutien existent, sous conditions :

  • CPAM : Aide extra-légale au séjour La Caisse Primaire d’Assurance Maladie peut, au titre de l’action sanitaire et sociale, accorder une participation pour l’hébergement d’un patient ou d’un proche (plus d’infos ici). Cette aide est attribuée après l’avis du service social et selon le revenu.
  • La Ligue contre le cancer et d’autres associations locales Apport ponctuel ou prise en charge partielle de nuitées sur dossier. Certaines associations départementales franciliennes ont des fonds dédiés.
  • Aides sociales départementales Dans des situations spécifiques (isolement, difficultés majeures), le Conseil départemental ou le CCAS de la commune peuvent ouvrir un dossier d’aide exceptionnelle.
  • Prise en charge par l’assurance santé complémentaire Quelques mutuelles haut de gamme incluent une ligne « hébergement proche d’un hôpital » : il est utile de vérifier son contrat.

D’après la Fédération nationale des maisons d’accueil hospitalières, 86 % des familles accueillies en 2022 ont sollicité une aide financière pour couvrir au moins partiellement le coût de l’hébergement, illustrant le rôle crucial de l’accompagnement social et administratif précoce.

Démarches pratiques et contacts utiles

  1. Identifier rapidement le besoin : dès la décision de prise en charge dans un centre d’oncologie francilien, informer le service médical de la nécessité d’un logement.
  2. Solliciter le service social : conseiller référent pour toute demande d’orientation, de réservation de place, et de montage de dossiers d’aide.
  3. Préparer un dossier : justificatifs d’identité, de domicile, de situation sociale et de traitement médical sont demandés dans les structures collectives.
  4. Anticiper les délais : certaines périodes (rentrée universitaire, vacances scolaires, forte activité hospitalière) voient augmenter les listes d’attente.
  5. Consulter les ressources en ligne : tous les sites des grands hôpitaux franciliens disposent d’une rubrique « accompagnement / hébergement », actualisée régulièrement avec les contacts à jour. Les assistantes sociales disposent également de listes d’hébergements partenaires selon la pathologie et la localisation du centre de soins.

Quelques liens référents pour démarrer vos démarches :

Évolution des besoins et projets en cours

Les besoins en hébergement temporaire à proximité des centres de cancerologie restent en croissance, en raison de l’accueil croissant de patients hors Île-de-France et de l’allongement de certains protocoles (ex : immunothérapie). Selon l’Agence Régionale de Santé Île-de-France, 16 % des patients hospitalisés plus d’une semaine dans les principaux centres sont originaires d’un département hors Île-de-France.

Plusieurs établissements franciliens travaillent à l’extension de leurs capacités d’accueil : la Maison des Parents de l’Institut Curie a ouvert 6 nouvelles chambres en 2023 ; des espaces parents-enfants sont en projet à Gustave Roussy. D’autres initiatives devraient compléter ce maillage dans les prochaines années, en lien avec la stratégie nationale décennale de lutte contre le cancer (INCa 2021-2030).

Enfin, outre l’hébergement, les problématiques d’accès aux transports, d’accompagnement social, mais aussi d’accès numérique (démarches en ligne, téléconsultation) sont de plus en plus intégrées au sein des dispositifs d’accueil, améliorant le quotidien de nombreux malades et aidants.

Ressources pour aller plus loin

Savoir qu’il existe des solutions adaptées, pensées pour accompagner au mieux les patients et leurs proches, reste essentiel. La mobilisation conjointe du secteur hospitalier, associatif et des pouvoirs publics permet aujourd’hui à la majorité des personnes concernées de trouver un hébergement pertinent, sous réserve d’une anticipation des démarches et d’un accompagnement social précoce.

En savoir plus à ce sujet :