L’accueil temporaire en EHPAD pour les personnes atteintes d’un cancer en Île-de-France : conditions, démarches et ressources à connaître

L’accueil temporaire en Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD) consiste à intégrer un résident pour une durée limitée — de quelques jours à plusieurs mois, sans dépasser 90 jours par an. Il répond à différents besoins : relais d’un aidant, convalescence après une hospitalisation, pause pendant des traitements lourds ou le temps de réadapter le domicile.

En France, près de 4 % des accueils en EHPAD concernent des séjours temporaires au sens strict (source : DREES, 2023). Le dispositif concerne en majorité les personnes âgées de plus de 60 ans, dépendantes (GIR 1 à 4) et dont la prise en charge à domicile n’est temporairement plus adaptée.

• Fatigue ou aggravation de la dépendance liée au cancer ou à ses traitements (chimiothérapie, radiothérapie, immunothérapie…)
• Besoin de surveillance médicale et paramédicale accrue, difficilement réalisable à domicile
• Isolement social ou absence temporaire de l’aidant principal (hospitalisation, vacances, épuisement, etc.)
• Adaptation du logement en attente d’un retour à domicile dans de meilleures conditions
• Nécessité de soulager les aidants en leur offrant du répit, y compris lors de phases avancées ou palliatives

En pratique, l'accueil temporaire est parfois déclenché en sortie d’hospitalisation (SSR, service oncologie), dans le cadre de dispositifs tels que le PRADO (Programme d’accompagnement du retour à domicile) ou sur demande d’équipes mobiles de soins palliatifs, après évaluation de la situation globale.

L’admission en accueil temporaire repose sur une évaluation médico-sociale, dans la lignée du dossier d’entrée en EHPAD classique, mais adaptée à la dimension ponctuelle et souvent urgente de la demande. Plusieurs critères priment :

• Âge et perte d’autonomie La majorité des établissements fixent un seuil d’âge à 60 ans, mais certains EHPAD accueillent dès 55 ans en cas de pathologies lourdes. L’autonomie est évaluée via la grille AGGIR : les GIR 1 à 4 sont prioritaires (besoin d’aide pour les actes essentiels). Un cancer déstabilisé, les effets indésirables des traitements, ou une fatigue majeure sont des facteurs favorisant l’admission.
• Justification d’un besoin temporaire Il est nécessaire de documenter le caractère transitoire du séjour, via un certificat médical (médecin traitant ou hospitalier), une lettre de l'équipe oncologique ou sociale, et un projet précisant la durée prévue.
• Situation médicale stabilisée L’EHPAD n’a pas vocation à assurer des soins techniques lourds (perfusion continue, oxygénothérapie de réanimation, etc.). Une stabilisation de l’état, même fragile, est attendue. Un relais avec le service hospitalier peut être nécessaire.
• Disponibilité de places La tension sur les places d’accueil temporaire en Île-de-France est forte. Selon l’Observatoire Régional de la Santé, seuls 8 % des lits EHPAD Paris-IDF sont dédiés au temporaire en 2023, avec des disparités importantes entre départements (source : ORS-IDF).
• Capacité à financer le séjour Les frais restent à la charge du résident, sauf aide sociale ou prise en charge partielle (APA, aide CAF, caisse de retraite). Les tarifs sont variables selon les EHPAD : entre 85 et 130 €/jour en Île-de-France (source : CNSA 2024), hors aides.

À noter : l’accueil temporaire n’est pas accessible pour des situations d’hospitalisation aiguë, ni pour des soins palliatifs complexes. Mais il peut accompagner une phase de transition ou de repli, y compris lorsque les traitements actifs du cancer s’arrêtent.

Évaluation médico-sociale préalable

Un dossier d’admission est à constituer : il comporte une partie administrative (identité, situation familiale), et un volet médical à faire remplir par le médecin. La grille AGGIR permet d’objectiver le niveau d’autonomie. En Île-de-France, la plateforme ViaTrajectoire centralise les demandes pour la plupart des établissements publics et privés, facilitant la recherche de places.

Recherche et choix de l’établissement

Les besoins et préférences sont à préciser (proximité, accessibilité, proximité des services oncologiques), mais il est important de rester flexible : les disponibilités, surtout à Paris et en petite couronne, sont limitées, et peuvent impliquer un hébergement hors du territoire habituel.

Plusieurs réseaux peuvent accompagner la recherche :

• Les CIAS, Centres Locaux d’Information et de Coordination (CLIC), et MAIA (Méthodes d’Action pour l’Intégration des services d’aide et de soins) — présents dans chaque département francilien.
• Les assistantes sociales hospitalières et de secteur.
• Les plateformes Info Éhpad de la Fédération Hospitalière de France et France Alzheimer 75.

Admission et accueil

Après accord de la commission d’admission de l’EHPAD, l’entrée s’effectue à une date convenue. Un contrat d’hébergement temporaire est signé. Il prévoit le projet de sortie (retour à domicile, réévaluation, etc.).

• Densité hospitalière et proximité des centres de cancer : l’Île-de-France offre plus de 60 unités spécialisées en oncologie, facilitant le suivi médical même pendant un hébergement temporaire. Certains EHPAD sont conventionnés avec l’AP-HP ou l’Institut Curie pour les allers/retours en hôpital de jour.
• Dispositifs de coordination ville-hôpital: Les « dispositifs d'appui à la coordination » (DAC) d’Île-de-France, dont la liste complète est sur le site de l’ARS, proposent du soutien pour organiser des relais d’urgence ou aider à trouver une place.
• Aides financières régionales: Certaines caisses de retraite (CARSAT Île-de-France, MSA Île-de-France), permettent d’obtenir des aides ponctuelles pour alléger le coût du séjour temporaire. Il est conseillé de se renseigner avant l’admission.
• Épargne de démarches pour l’aidant : Les « Points Paris Émeraude » (Paris) et les « Maisons de l’Autonomie » (Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne) sont des guichets uniques pour accélérer l’évaluation et la constitution des dossiers.

En 2022, seuls 72% des demandes d’accueil temporaire formulées pour des patients avec cancer aboutissent à un hébergement en moins de 15 jours, selon l’ORS-IDF. Un point d’attention à anticiper : la période d’été voit les demandes augmenter, tandis que l’ouverture de places reste constante. Il existe des listes d’attente — mais les situations jugées prioritaires (détresse, isolement sans solution, retour d’hospitalisation) bénéficient d’un examen accéléré.

1. Préparer le dossier en amont : Dès la perspective d’une aggravation ou d’un traitement lourd, activer la demande via l’équipe sociale, même préventivement. Un dossier bien constitué (certificat médical, justificatif d’autonomie, plan d’accompagnement) accélère la réponse.
2. Se rapprocher des réseaux spécialisés dans le cancer : la Ligue contre le cancer (comités franciliens), les réseaux de soins palliatifs et la Fédération JALMALV Paris peuvent faciliter l’orientation et le dialogue avec les établissements.
3. Vérifier la compatibilité de l’EHPAD avec le suivi cancérologique : possibilité de transports pour radiothérapie ou chimiothérapie ambulatoire, présence d’infirmière de nuit, lien avec une HAD (hospitalisation à domicile) si nécessaire.
4. Évaluer les coûts et les aides mobilisables : l’APA à domicile est maintenue en cas de séjour temporaire, certaines mutuelles participent, et la demande d’aide sociale départementale peut être enclenchée (délai de traitement à anticiper).

En Île-de-France, l’accueil temporaire en EHPAD peut représenter une véritable bouée de sécurité lors de l’évolution d’un cancer – pour le patient comme pour ses proches. La solution est encore trop peu connue et sous-utilisée, alors même qu’elle évite de nombreuses situations à risque à domicile ou d’épuisement des aidants. La clef d’un accès rapide : un dossier solide, une anticipation et un accompagnement social fort, ainsi qu’une veille sur les dispositifs territoriaux, qui diffèrent parfois d’un département à l’autre. Si vous n’êtes pas seuls face à la complexité : n’hésitez pas à solliciter les dispositifs d’accompagnement locaux pour trouver l’établissement adapté à votre situation.