Pourquoi réserver une chambre d’accompagnant ?

Lorsque l’hospitalisation bouleverse le quotidien, la présence d’un proche à ses côtés peut faire toute la différence. Pour un patient comme pour sa famille, rester ensemble atténue l’isolement, facilite la communication avec l’équipe soignante et offre un soutien émotionnel précieux, notamment dans les services d’oncologie ou de soins prolongés. Réserver une chambre pour un accompagnant répond à ce besoin de proximité, mais la démarche reste méconnue ou souvent confondue avec le simple séjour sur un fauteuil pliant ou une banquette, fournis parfois à la demande.

Selon le baromètre Unicancer/IPSOS 2023, près de 60% des patients expriment le souhait que leur entourage puisse rester à l’hôpital. Pourtant, seuls 14% des établissements franciliens proposent systématiquement une solution d'hébergement sur place pour les accompagnants. Comprendre comment fonctionnent ces réservations et vers qui se tourner reste essentiel pour agir vite et efficacement.

Chambre accompagnant à l’hôpital : de quoi parle-t-on exactement ?

À l’hôpital, la « chambre accompagnant » désigne, selon les établissements, un lit d’appoint dans la chambre du patient, ou bien une chambre séparée, équipée pour un séjour de courte durée. Ce dispositif concerne principalement :

  • Les services de pédiatrie (présence indispensable d’un parent, souvent gratuite)
  • Les soins palliatifs ou hospitalisations longues (dispositifs plus fréquents)
  • Certains services en cancérologie, en fonction du protocole et du degré d’autonomie du patient
En dehors de ces situations, chaque hôpital fixe ses propres règles selon ses capacités d’accueil, la disponibilité des chambres, et le degré d’urgence demandé.

Qui peut bénéficier d’une chambre d’accompagnant ?

La possibilité de rester auprès d’un proche dépend d’abord de la politique de l’établissement et du service hospitalier. En Île-de-France, la présence d’un accompagnant adulte est généralement envisageable dans les cas suivants :

  • Hospitalisation d’un enfant de moins de 18 ans (droit quasi systématique pour un parent, voir loi n°2021-1576 du 28/12/2021 sur le parcours de soins des enfants atteints de cancer)
  • Situation de handicap ou de perte d’autonomie majeure chez l’adulte
  • Hospitalisation en fin de vie ou soins palliatifs
  • Fragilité psychique repérée et acceptée en réunion médicale
Les autres situations (simple souhait d’être présent, difficultés pour le patient à communiquer, etc.) sont étudiées au cas par cas. Le rôle du service social est alors essentiel pour défendre la demande.

Comment effectuer une réservation ? Les démarches à suivre

  • Anticiper la demande : Prendre contact avec le secrétariat du service hospitalier dès que l’hospitalisation est programmée. C’est la règle d’or car les places sont limitées, surtout dans les hôpitaux parisiens et référents en cancérologie, comme Gustave Roussy ou l’Institut Curie.
  • Demander un entretien pré-hospitalisation : Certains hôpitaux organisent des rendez-vous lors desquels vous pouvez verbaliser ce souhait à l’équipe de soins ou au cadre de santé.
  • Solliciter le service social : Un assistant(e) social(e) référent(e) du service connaît bien les dispositifs d’accueil et peut monter le dossier d’hébergement, appuyer la demande ou proposer une alternative en cas d’indisponibilité (ex : nuitée dans une structure partenaire).
  • Formaliser la réservation : Si une chambre existe, un formulaire d’admission doit parfois être rempli. Le règlement (si la chambre est payante) s’effectue généralement auprès de la régie de l’hôpital.
  • Informer l’équipe chaque jour : En cas de séjour prolongé, la politique de certains hôpitaux peut prévoir la reconduction quotidienne de la demande selon l’évolution de la situation médicale.

À retenir : il n’existe pas actuellement de plateforme régionale ou nationale interne permettant la réservation en ligne d’une chambre d’accompagnant. Chaque établissement reste l’interlocuteur direct. Les accueils du soir ou d’urgence (hors heures ouvrées) sont traités par l’équipe de garde en fonction des situations familiales et du contexte médical.

Quel coût prévoir ? Les tarifs en Île-de-France

Contrairement à l’idée reçue, la gratuité systématique n’est prévue que dans certains cas réglementaires :

  • Hospitalisation d’un enfant mineur
  • Soins palliatifs en dernier recours (souvent prise en charge par le fonds social hospitalier)
Dans les autres situations, le « forfait accompagnant » varie considérablement :
  • De 7 € à plus de 45 € la nuitée selon le type de lit (fauteuil, lit d’appoint, chambre individuelle), le repas inclus ou non, et la situation du patient (source : FHF, rapport 2023)
  • Au sein de l’AP-HP à Paris, le prix moyen constaté pour 2024 est de 22 € la nuitée pour les adultes (hors aide sociale éventuelle). En pédiatrie, le repas est inclus gratuitement la plupart du temps.
  • Dans des centres spécialisés type Institut Gustave Roussy, les tarifs affichés varient entre 15 € (lit d’appoint) et 35 € (chambre simple équipée), selon la disponibilité.
Les conditions de prise en charge financière éventuelle :
  • Aide sociale à l’hébergement (ASH) : accessible sous conditions de ressources, pour alléger la facture en cas de séjour prolongé. À solliciter via le service social hospitalier.
  • Associations partenaires : quelques structures (ex : Ligue contre le cancer, Fondation Ronald McDonald pour les enfants, Maison des Parents) prennent partiellement en charge l’hébergement. Voir plus bas.

En cas d’indisponibilité : quelles alternatives en Île-de-France ?

L’hébergement sur place reste limité, surtout dans les centres urbains. Heureusement, plusieurs alternatives existent :

  • Maisons des familles/personnes accompagnantes : Ces lieux, à proximité immédiate des CHU ou des centres de cancérologie (Curie, Roussy, Necker), offrent un hébergement confortable pour 20 € à 35 € environ la nuitée. L’attribution dépend de la situation sociale et médicale.
  • Foyers d’accueil temporaire d’associations : Exemples : la Maison des Parents Ronald McDonald (Paris, Villejuif), la Masion des familles Ligue contre le Cancer, avec réservation via le service social ou médical.
  • Hébergement solidaire via Plateformes : L’association “Les Hôtels Solidaires” (Paris) ou le dispositif “Familles Accueil Assistance” proposent des chambres ou appartements proches de l’hôpital à des tarifs modérés. La demande doit être anticipée ; certains délais vont de 2 à 7 jours.
  • Hôtels partenaires (tarification sociale ou hospitalière) : Certains hôtels proches des grands CHU ou IGR proposent des forfaits « séjour hospitalier » (réduction de 10 à 30%). La liste est fournie généralement par le service social ou le bureau des admissions.

Attention : Les alternatives affichent souvent complet pendant les périodes de forte activité ou lors d’évènements exceptionnels (grippe, Covid-19, pic en oncologie pédiatrique). Il est donc crucial d’anticiper dès l’annonce de l’hospitalisation.

Quels justificatifs fournir pour une chambre d’accompagnant ?

Les formalités ne sont pas uniformisées d’un établissement à l’autre, néanmoins, prévoyez :

  • Pièce d’identité de l’accompagnant(e) ;
  • Livret de famille (pour un parent d’enfant hospitalisé)
  • Attestation d’hospitalisation du patient (remise par le service d’admission)
  • Notification éventuelle du médecin justifiant la nécessité d’une présence continue (en cas de soin palliatif, handicap, suivi psychologique spécifique, etc.)
  • Justificatifs de ressources (pour l’Aide sociale à l’hébergement, le cas échéant)
Dans les hôpitaux participants aux démarches « culture patient/famille » (Necker, Robert-Debré, Curie), le formulaire d’admission inclut directement la question de l’accompagnant. Une pièce justificative de domicile peut aussi être requise.

Bonnes pratiques et points de vigilance

  • Anticiper au maximum : Plus la demande est formulée tôt, plus l’accompagnement est aisé à organiser.
  • S’appuyer sur les réseaux associatifs et les professionnels de l’hôpital : Les assistants sociaux, psychologues, représentants des usagers jouent un rôle d’aiguillage majeur.
  • Se renseigner sur la règlementation locale : Certains hôpitaux imposent des horaires stricts ou restreignent l’hébergement lors d’épidémies, plan blanc ou travaux ; ces règles varient souvent du jour au lendemain.
  • Connaître le règlement intérieur : Les règles concernant la nuitée, les repas, l’accès à la chambre et aux sanitaires sont précisées dans les livrets d’accueil des établissements (disponibles généralement sur leur site internet).
  • Respecter l’intimité et la place de l’équipe de soins : La présence continue d’un accompagnant doit respecter la confidentialité et l’organisation du service.

Ressources utiles en Île-de-France

  • Ligue contre le cancer Paris : Accueil de familles, prise en charge de nuitées ponctuelles. Contact : ligue-cancer.net
  • Maison des Parents Ronald McDonald : 7 sites en Île-de-France, destinés prioritairement aux parents d’enfants hospitalisés, parfois ouverts aux accompagnants d'adultes. fondation-ronald-mcdonald.fr
  • Institut Gustave Roussy : Dossier dédié sur les hébergements à proximité et modalités de réservation. gustaveroussy.fr
  • AP-HP Paris : Livret patient et liste des dispositifs accompagnant, accessible sur le site institutionnel. aphp.fr
  • Fédération Hospitalière de France : Informations sur les dispositifs nationaux et les tarifs. fhf.fr

Vers un accompagnement mieux reconnu

La hospitalisation d’un proche impose de nombreux ajustements logistiques, financiers et familiaux. Si la France ne propose pas encore de solution généralisée d’hébergement accompagnant comme certains pays scandinaves (où la gratuité est bien plus fréquente, voir Fédération Européenne des Patients), le mouvement progresse, porté par les associations de patients et les professionnels hospitaliers.

Anticiper, s’informer et s’appuyer sur les relais associatifs ou sociaux s’avère stratégique pour maximiser ses chances d’obtenir une chambre. L’évolution récente des droits des accompagnants, comme en pédiatrie, laisse entrevoir des avancées pour les familles en oncologie. De nouvelles expérimentations sont en cours partout en Île-de-France pour renforcer l’accueil de l’entourage, reconnaître leur rôle essentiel… et offrir un peu de répit dans l’épreuve.

Pour toute question, n'hésitez pas à contacter le service social de votre établissement ou une association locale, afin d'obtenir des conseils personnalisés.

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