Comprendre le vrai coût des transports liés aux soins

Les transports pour soins médicaux constituent une part non négligeable des dépenses à la charge des patients et de leurs proches. Selon l’INSEE, 12 % des Français ayant eu recours à une hospitalisation déclarent que le coût ou l’organisation des déplacements a été un frein à l’accès aux soins (INSEE, 2022). En région francilienne, la densité urbaine et la saturation d’une partie des réseaux de transports ajoutent des complications spécifiques : embouteillages, longues distances, nécessité d'utiliser plusieurs modes de transport différents, ou horaires inadaptés.

Dans certains cas, le reste à charge peut atteindre plusieurs centaines d’euros par mois, surtout pour les personnes devant se rendre à l’hôpital plusieurs fois par semaine pour des séances de chimiothérapie, de radiothérapie, ou des consultations spécialisées.

Quelles prises en charge par l’Assurance Maladie ?

L’Assurance Maladie constitue le principal organisme d’aide pour les transports sanitaires nécessaires à la prise en charge de la maladie. La prise en charge varie selon le type de transport et la situation du patient.

Transports sanitaires pris en charge : dans quels cas ?

  • Hospitalisation (entrée ou sortie) : prise en charge systématique sur prescription médicale.
  • Traitements lourds : dialyse, chimiothérapie, radiothérapie, rééducation après chirurgie lourde.
  • Affection de longue durée (ALD) : cancer reconnu en ALD (demande à faire auprès du médecin traitant).
  • État justifiant une assistance particulière : patients ne pouvant pas se déplacer seuls (fauteuil roulant, perfusion…).

Dans ces situations, l’Assurance Maladie rembourse les frais sur prescription médicale, à hauteur de 65 % du tarif conventionné. La prise en charge est portée à 100 % si le transport concerne un patient reconnu en ALD, une hospitalisation liée au cancer, ou en cas de CMU-C (complémentaire santé solidaire). Source : ameli.fr, 2024.

Quels modes de transport sont concernés ?

  • VSL (Véhicule Sanitaire Léger)
  • Ambulance
  • Taxi conventionné : attention à bien choisir un taxi agréé par l’Assurance Maladie (voir annuaire taxis conventionnés).
  • Transports en commun : titre de transport remboursé sur présentation du justificatif.
  • Véhicule personnel : remboursement d’indemnités kilométriques sur présentation des justificatifs de parcours.

Le mode de transport doit être décidé avec le médecin, qui délivre la prescription adaptée selon l’état du patient.

Les pièges à éviter

  • Les transports doivent toujours être prescrits à l’avance (sauf urgence), sous peine de non-remboursement.
  • Le remboursement est plafonné au tarif conventionné.
  • Les taxis doivent obligatoirement être « conventionnés » pour ouvrir droit au remboursement.

Quelles aides complémentaires en Île-de-France ?

Au-delà de la Sécurité sociale, plusieurs dispositifs complémentaires existent en Île-de-France pour répondre aux besoins non couverts : aide sociale départementale, soutien des mutuelles, associations spécialisées, et structures d’accompagnement.

Dispositifs d’aide des Conseils départementaux franciliens

Les Conseils départementaux proposent des aides au transport, principalement à destination des personnes âgées ou des personnes handicapées, mais certaines de ces aides sont mobilisables pour les patients atteints de cancer ayant une perte d’autonomie.

  • L’Allocation personnalisée d’autonomie (APA) : permet de financer des frais de transport pour personnes de plus de 60 ans en perte d’autonomie.
  • Prestation de Compensation du Handicap (PCH) : possibilité d’intégrer le financement de transports spécifiques ou adaptés.
  • Aides extra-légales : chaque département d’Île-de-France peut proposer des subventions exceptionnelles, à solliciter auprès des Centres départementaux d’action sociale (exemple : Soutien exceptionnel du département de la Seine-Saint-Denis après analyse sociale).

Sources : Départements franciliens, 2024

Mutuelles et complémentaires santé : ce qu’elles peuvent prendre en charge

Certaines mutuelles ou complémentaires santé proposent un remboursement partiel ou total du ticket modérateur, ou bien des forfaits annuels pour des transports non pris en charge par l’Assurance Maladie (taxi, VSL, ambulance). Il est conseillé de vérifier chaque contrat et d’interroger un conseiller. Les montants varient, mais les forfaits de 100 à 250 €/an sont courants.

Astreinte sociale des hôpitaux et plateformes hospitalières

Les services sociaux hospitaliers peuvent souvent activer des fonds d’aide en urgence, particulièrement pour les patients isolés, en situation de grande précarité, ou sans ressource. Selon les situations, certains frais de taxi ou de transport d'accompagnement peuvent être débloqués au « coup par coup », y compris pour un retour difficile à domicile ou pour maintenir un lien social. Il existe aussi des plateformes hospitalières qui gèrent des flottes de bénévoles ou mettent en lien avec des structures partenaires pour les transports lors d’un parcours long de soin.

Associations et options solidaires pour les transports en Île-de-France

Plusieurs associations proposent des solutions, soit gratuites, soit à faible coût, pour les malades du cancer et leurs proches.

  • La Ligue contre le cancer – Fédération de Paris et Île-de-France : propose parfois une aide financière ponctuelle ou bien des conseils pour le montage de dossiers de prise en charge.
  • Association Les Transports de l’Espoir : organise, selon disponibilités, des accompagnements bénévoles en voiture pour des trajets médicaux (notamment en grande couronne où la mobilité est plus compliquée).
  • CAIRE 77 : en Seine-et-Marne, propose à ses adhérents des services de transport solidaire pour rendez-vous médicaux.
  • La Croix-Rouge Française – Unités locales Île-de-France : certains comités mettent à disposition des véhicules pour des déplacements liés aux soins, selon éligibilité et disponibilité des bénévoles.

Toutes ces associations rappellent que le délai de demande est important et qu’il est préférable de s’organiser à l’avance. L’information est à demander auprès des antennes locales, car la disponibilité des services varie selon les secteurs.

Coût réel : quelques chiffres clés

  • En Île-de-France, un aller-retour domicile–hôpital en taxi conventionné coûte en moyenne 25 à 50 €, selon la distance (source : Fédération nationale des Taxis, 2023).
  • Le remboursement base Sécu pour un taxi conventionné est de 0,30 € du kilomètre, pour VSL 0,29 €, ambulance 2 euros du kilomètre environ (ameli.fr).
  • Pour l’utilisation d’un véhicule personnel, l’indemnité kilométrique remboursée par la CPAM est de 0,30 €/km (source : Ameli, 2024).
  • Selon une enquête de la Ligue contre le cancer (2022), 17 % des patients renoncent parfois à un rendez-vous par difficulté de prise en charge des frais de transport.

Conseils pratiques pour optimiser ses démarches

  1. Bien anticiper les prescriptions médicales : demander à chaque consultation si la visite suivante nécessite une prescription transport, et pour quel mode.
  2. Utiliser le portail Ameli pour le suivi des remboursements : l’accès à l’espace personnel permet de s’assurer que les remboursements sont bien effectués et de télécharger les justificatifs nécessaires.
  3. Conserver tous les justificatifs : factures, tickets de transport, prescriptions médicales, attestations de présence aux soins.
  4. S’informer auprès du service social de l’établissement de santé : ce sont eux les mieux placés pour orienter vers les bonnes ressources du territoire francilien.
  5. Comparer les offres de mutuelles : en cas de changement de statut ou d’affiliation, faire le point sur le niveau de garantie transport.

Être accompagné pour ne pas rester seul face aux démarches

L’accès aux dispositifs d’aide pour les transports liés aux soins en Île-de-France dépend souvent d’une bonne information et d’un accompagnement personnalisé. Beaucoup de patients ignorent leurs droits ou se découragent devant la complexité administrative.

Il est possible de se rapprocher des assistantes sociales hospitalières (tous les hôpitaux d’Île-de-France en disposent), des permanences des caisses primaires d’assurance maladie, ou de contacter des structures associatives spécialisées dans l’accompagnement des malades. Ces professionnels connaissent les ficelles du système et savent orienter les patients vers les aides adaptées.

Enfin, la région Île-de-France lance périodiquement de nouveaux dispositifs (ex : plates-formes de mobilité mutualisée, aides ponctuelles en cas de crise, cartographie des taxis conventionnés sur son portail en ligne). Pour rester informé, une veille régulière sur le site de l’ARS Île-de-France et des principaux hôpitaux est recommandée.

Se déplacer pour se soigner en Île-de-France ne devrait jamais être un obstacle supplémentaire dans le parcours de soins. Les solutions existent, mais elles demandent souvent d’être proactif, de s’entourer, et de faire valoir ses droits. Toute démarche compte pour alléger le quotidien et préserver l’essentiel : l’accès aux soins et le temps partagé avec ses proches.

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