Un domaine en plein essor : la socio-esthétique, bien plus que des soins de beauté

Pour beaucoup, le mot « socio-esthétique » reste flou. On pense parfois à des soins de confort réservés à quelques privilégiés. Pourtant, la socio-esthétique s’impose peu à peu comme un soutien reconnu dans l’accompagnement des personnes atteintes de maladies graves, notamment du cancer. La socio-esthétique regroupe l’ensemble des soins esthétiques adaptés à la maladie, intégrés dans une prise en charge globale de la personne. C’est un accompagnement professionnel et empathique, mené par des socio-esthéticien.ne.s diplômé.e.s, qui collaborent étroitement avec les équipes médicales et psycho-sociales.

  • Près d’1 patient sur 4 bénéficiant d’un accompagnement global du cancer aurait recours à la socio-esthétique en France (source : CNEH, étude 2022).
  • Cette discipline existe officiellement depuis 1979, date de la première formation diplômante, avec aujourd’hui plus de 800 socio-esthéticiennes diplômées en France (Fédération des socio-esthéticiennes).
  • La socio-esthétique intervient principalement auprès des patients atteints de cancer, mais aussi auprès de personnes souffrant de maladies chroniques, de troubles psychiatriques, en soins palliatifs ou en gériatrie.

Pour qui ? Les personnes concernées par la socio-esthétique

La socio-esthétique s’adresse en priorité aux personnes directement touchées par la maladie, quel que soit leur âge : adultes, adolescents et enfants. Les aidants et les proches peuvent parfois, selon les structures, bénéficier d’une initiation ou d’un accompagnement. Les situations concernées incluent :

  • Patients en cours de traitement (chimiothérapie, radiothérapie, chirurgie, immunothérapie...)
  • Patients en rémission ou après les traitements, en phase de reconstruction
  • Personnes hospitalisées en centre d’oncologie, hôpitaux de jour, services de soins de suite, HAD
  • Personnes suivies à domicile ou accompagnées par des associations locales

La très grande majorité des grands centres hospitaliers d’Île-de-France (Institut Curie, Gustave Roussy, AP-HP...) intègrent la socio-esthétique dans leur offre d’accompagnement. Des associations comme CEW France via « La beauté pour mieux vivre le cancer » interviennent aussi dans de nombreux hôpitaux de la région.

Quelles sont les missions d’un(e) socio-esthéticien(ne) ?

Contrairement à une esthéticienne traditionnelle, la socio-esthéticienne adapte ses actions à la fragilité physique, psychologique et sociale de la personne malade. Ses interventions sont encadrées, validées et coordonnés par les équipes de soins :

  • Soins du visage et du corps adaptés : hydratation des peaux altérées, soins des mains et des pieds après chimiothérapie, modelages relaxants non invasifs
  • Conseils personnalisés : astuces maquillage correcteur, prothèses capillaires, gestion des effets secondaires visibles (rougeurs, sècheresse, cicatrices...)
  • Accompagnement à l’image de soi : soutien face à la chute des cheveux, reconstruction de l’estime de soi mise à mal par la maladie
  • Temps d’écoute et d’échange : l’accompagnement socio-esthétique s’appuie sur la confidentialité, l’empathie et la relation de confiance

La socio-esthéticienne n’effectue aucuns actes médicaux ou thérapeutiques : elle agit toujours en complément du parcours de santé. Des formations spécifiques (DU ou Certificat de socio-esthétique) sont obligatoires et reconnues en France.

Le déroulement concret d’un accompagnement en socio-esthétique

Où et quand ont lieu les séances ?

  • En établissement hospitalier : dans une chambre, un espace dédié, une salle bien-être équipée, parfois dans les services de soins ou de chimiothérapie.
  • Dans des structures médico-sociales : maisons de santé, centres d’accueil de jour, associations (par exemple Maison RoseUp Paris, Espace Ligue contre le cancer...)
  • À domicile : possible via certaines associations ou dispositifs d’HAD, particulièrement pour les patients isolés ou en situation de dépendance.

La fréquence des séances varie. Elles peuvent être ponctuelles (à la demande du patient), hebdomadaires ou mensuelles. La durée moyenne d’une séance est de 30 à 60 minutes.

Les étapes d’un accompagnement

  1. Premier contact et évaluation : La socio-esthéticienne prend contact avec la personne (sur prescription médicale, proposition du personnel ou auto-demande). Un temps d’écoute permet de cerner les besoins, attentes et fragilités.
  2. Proposition d’un ou plusieurs soins adaptés : Selon l’état général, les traitements en cours et les envies de la personne, le soin est adapté : simple massage des mains, soin détente visage, maquillage correcteur, conseils pour la peau...
  3. Déroulement du soin : Les soins se font dans le respect strict de l’hygiène et de la sécurité (matériel à usage unique…). Chaque geste est pensé pour être non intrusif et apporter apaisement.
  4. Temps d’échange à la fin de la séance : Un temps de parole permet de recueillir les ressentis, ajuster l’accompagnement, redonner des conseils personnalisés.
  5. Suivi au fil du parcours : L’accompagnement peut se renouveler, être arrêté ou réorienté selon le souhait du patient et l’évolution de sa situation.

Dans tous les cas, la socio-esthétique est totalement volontaire : c’est toujours la personne malade qui choisit d’en bénéficier.

Bénéfices ressentis et impacts mesurés : que disent les chiffres ?

  • En France, 87 % des personnes ayant bénéficié de socio-esthétique déclarent une diminution du stress lié à la maladie (source : Ligue contre le cancer, enquête 2022).
  • Plus de 75 % rapportent une amélioration de leur image corporelle, selon un rapport de l’Institut National du Cancer (INCa, 2020).
  • Une étude menée à Gustave Roussy, en 2021, montre que les patientes ayant accès à la socio-esthétique présentent moins de symptômes anxieux et dépressifs après leurs séances.
  • Les effets favorables se prolongent plusieurs semaines après la fin des soins pour une majorité de patients.

Les témoignages recueillis en Île-de-France mettent en avant :

  • Un regain de confiance en soi face aux effets indésirables des traitements (perte de cheveux, cicatrices…)
  • L’importance du toucher non médicalisé et de la bienveillance dans le soin
  • Une vraie « parenthèse pour soi » dans un quotidien rythmés d’examens médicaux
  • La (re)découverte du plaisir à prendre soin de soi, même en situation de fragilité

Des initiatives locales : trouver une offre de socio-esthétique en Île-de-France

L’offre s’est considérablement développée ces dernières années. Voici quelques structures et dispositifs clés pour bénéficier d’une socio-esthétique en région parisienne et francilienne :

  • Institut Curie Paris : ateliers socio-esthétiques pour patients hospitalisés et externes. Informations : curie.fr
  • Gustave Roussy (Villejuif) : programme « Bien-être et Cancer » avec soins individuels et conseils adaptés.
  • Maison RoseUp Paris : ateliers gratuits sur rendez-vous pour femmes concernées par le cancer (rose-up.fr)
  • Espace Ligue contre le Cancer (Paris, Val-de-Marne, Yvelines...) : socio-esthétique assurée par des professionnelles diplômées dans plusieurs espaces Ligue (ligue-cancer.net)
  • CEW France : équipe nationale d’intervention en établissements hospitaliers et à domicile (cew.asso.fr)

Certains centres municipaux de santé, MJC ou associations locales, proposent aussi, selon les disponibilités, des ateliers et rendez-vous individuels. Il est aussi possible d’accéder au service par prescription d’un oncologue, d’un service social hospitalier ou d’une équipe mobile d’accompagnement.

Modalités pratiques et prise en charge : ce qu’il faut savoir

  • Tarification : la socio-esthétique en structure hospitalière ou associative est très souvent gratuite, grâce au financement par des associations, fondations et mutuelles relais. En libéral, les tarifs sont libres (de 40 à 70€ la séance environ).
  • Aucune prescription médicale n’est obligatoire pour accéder à un atelier ou une séance, sauf dans certains services pour raison de sécurité.
  • Prise en charge : la Sécurité Sociale ne rembourse pas les soins de socio-esthétique en libéral, mais certaines mutuelles proposent une participation dans le cadre de forfaits « bien-être ».
  • Des partenariats avec les maisons de soins, EHPAD ou centres de rééducation existent ponctuellement : renseignez-vous auprès du service social.

Quelques idées reçues à dépasser

  • La socio-esthétique, ce n’est pas « du luxe » : il ne s’agit pas de soins superficiels mais d’un accompagnement utile reconnu par les autorités de santé et de nombreux oncologues (voir le rapport « parcours global après cancer », INCa 2018).
  • Ce n’est pas réservé aux femmes : de plus en plus d’hommes bénéficient d’ateliers et de conseils adaptés à leurs besoins.
  • Les soins sont toujours adaptés à la fragilité du patient : aucune prestation n’est imposée, et les contre-indications sont systématiquement respectées.

À retenir et aller plus loin

La socio-esthétique représente aujourd’hui un volet concret et reconnu du soutien à la qualité de vie des personnes malades. Grâce à l’écoute spécifique et aux gestes appropriés des socio-esthéticiens et esthéticiennes, il est possible de retrouver un espace de bien-être dans le parcours de soins, de briser l’isolement et de se réconcilier avec son image, sans jamais oublier que chacun avance à son rythme.

  • Pour en savoir plus, consulter la Fédération française de socio-esthétique : ffse.fr
  • Ligne Cancer Info : 0 805 123 124 (gratuite et anonyme, pour toute question sur l’accompagnement et les dispositifs disponibles)
  • Pour trouver une socio-esthéticienne près de chez vous : renseignez-vous auprès de votre centre hospitalier ou sur la carte interactive de la Ligue contre le cancer (carte des comités)

La reconnaissance de la socio-esthétique comme discipline à part entière devrait se renforcer dans les prochaines années, notamment au sein des parcours de soins personnalisés en cancérologie. Pour qu’aucune personne malade ne se sente démunie devant le miroir et le regard des autres.

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