Soins esthétiques en oncologie : des moments pour soi au cœur du parcours de soins

Les soins esthétiques en oncologie ne visent pas la « transformation » physique, mais l’attention portée aux besoins de la personne touchée par le cancer. Il s’agit de proposer des gestes de soins, adaptés, qui apaisent la peau, adoucissent les effets des traitements et permettent au patient de reprendre contact avec une part de normalité dans sa vie.

• Préservation de l’image corporelle : 92% des patients disent que leur apparence compte « beaucoup » ou « énormément » dans leur moral après le diagnostic (source : Étude Ligue contre le cancer, 2021).
• Réduction de la fatigue et de la douleur : Des séances de modelages peuvent améliorer le sommeil, réduire certaines douleurs (source : INCa).
• Renforcement du sentiment de maîtrise : Prendre soin de soi, même dans un contexte difficile, participe à retrouver de la confiance et un sentiment d’autonomie.

Les soins esthétiques en oncologie – aussi appelés socio-esthétique – s’appuient sur l’expertise de professionnels formés à prendre en compte la fragilité physique, psychique et sociale des patients. Il ne s’agit pas de simples prestations beauté, mais de véritables soins de support.

• Soins de la peau : Hydratation, apaisement, conseils pour contrer les effets secondaires des traitements (sécheresse, irritations, rougeurs, prurit).
• Soins du cuir chevelu et conseils capillaires : Conseils avant, pendant et après la chute des cheveux, massage du cuir chevelu, accompagnement au port de prothèses capillaires (perruques, foulards, bonnets).
• Maquillage correcteur : Technique pour redonner bonne mine, dessiner les sourcils disparus, camoufler les cernes ou rougeurs. Un geste qui compte : selon la Fédération Française de la Beauté, 66% des femmes en traitement ayant eu une séance de maquillage témoignent d’une amélioration de leur moral dans la semaine suivant la prestation.
• Soins des ongles : Coupe, protection, application de vernis spécifique (sans substance nocive), conseils pour limiter la casse et la décoloration, très fréquentes sous certaines chimiothérapies.
• Modelages et massages adaptés : Toucher doux, protocoles spécifiques qui respectent la sensibilité de la peau, favorisent la détente et aident à soulager certaines douleurs musculaires ou tensions.

• Aux femmes, hommes et adolescents atteints d’un cancer : Tous les types de cancer peuvent ouvrir un accès, y compris les cancers pédiatriques.
• Aux proches aidants : Certains établissements proposent aussi des séances pour les proches.
• À tous les stades de la maladie : Les soins sont accessibles avant, pendant, après les traitements et en suivi de rémission.

De plus en plus d’hôpitaux et de cliniques disposent aujourd’hui d’un service de socio-esthétique. Mais les disparités existent encore selon les départements ou établissements. Un point commun : ces soins sont presque toujours proposés gratuitement pour les patients en traitement.

Dans les établissements hospitaliers et centres de lutte contre le cancer

• Dans les hôpitaux publics : L’AP-HP propose des espaces bien-être et des salles de socio-esthétique dans la plupart de ses grands sites (Saint-Louis, Pitié Salpêtrière, Tenon, Avicenne, etc.).
• Dans les centres spécialisés : L’Institut Curie (Paris, Saint-Cloud), Gustave Roussy (Villejuif), l’Institut Rafaël (Levallois) disposent d’équipes de socio-esthéticiennes diplômées. Prise de rendez-vous possible via l’équipe soignante.
• Structures privées et cliniques : Beaucoup se tournent vers des associations (voir plus bas) externes pour assurer les soins (Espoir en tête, Étincelle, Belle & Bien).

Avec des associations spécialisées

Les associations jouent un rôle clé en Île-de-France. Elles interviennent dans les hôpitaux, proposent des ateliers en dehors, ou accueillent les patients dans leurs locaux :

• Belle & Bien : Ateliers collectifs dans plus de 20 établissements parisien et franciliens, animés par des socio-esthéticiennes bénévoles (bellebien.fr).
• Étincelle : Maison d’accompagnement à Boulogne-Billancourt (92) avec soins sur place, interventions en hôpitaux également (etincelle.asso.fr).
• CEW France : Ateliers de socio-esthétique dans une dizaine d’hôpitaux d’Île-de-France, partenariat très développé à l’hôpital Saint-Louis Paris 10e (cew.asso.fr).

À noter : Présence de « Maisons des Patients » ou Espaces Ressources Cancer en Île-de-France, qui rassemblent ateliers bien-être, soins esthétiques et groupes de parole (carte disponible sur le site de l’Agence Régionale de Santé).

De nombreuses études récentes confirment l’impact positif de la socio-esthétique dans le parcours du cancer.

• Baisse de l’anxiété de 30 à 50% après plusieurs séances selon l’INCa (Institut National du Cancer, 2022).
• Amélioration du sommeil chez plus d’un malade sur deux ayant bénéficié de massages adaptés ou de modelages (source : Revue « Supportive Care in Cancer », 2020).
• Diminution des troubles de l’image corporelle rapportés par 7 patientes sur 10 ayant participé à des ateliers de maquillage correcteur (Fédération des Centres de Lutte contre le Cancer, 2021).

Mais au-delà des données, un témoignage fréquent revient : ce temps de soin constitue une respiration dans un parcours souvent saturé de rendez-vous médicaux et d’incertitudes. Pour beaucoup, cela permet de retrouver le plaisir du toucher, de l’écoute, de la détente.

Les socio-esthéticiennes et socio-esthéticiens sont des esthéticiennes diplômées spécialisées en oncologie, ayant suivi une formation complémentaire (CODES, E2SE, etc.) pour intervenir auprès de publics fragilisés. Leur rôle dépasse le geste de beauté : elles s’appuient sur le dialogue, évaluent avec bienveillance les besoins et orientent si besoin vers d’autres ressources (psychologues, assistantes sociales, soins de support).

En cas de doutes ou de besoins particuliers, il est recommandé de s’assurer que l’intervenant·e dispose bien de ces qualifications. La plupart des associations listées ci-dessus font signer une charte qualité à leurs bénévoles ou salariés.

• Dans les établissements hospitaliers publics et certains centres de lutte contre le cancer : les soins sont gratuits (financés soit par l’hôpital, soit par des partenaires privés, des dons ou les associations).
• En centre esthétique privé ou à domicile : le prix varie entre 30€ et 70€ la séance en moyenne. Certaines complémentaires santé remboursent une partie (notamment sous le terme « soins de support »). Se renseigner auprès de sa mutuelle.
• Accessoires pris en charge : Les perruques, certains coussinets ou foulards peuvent faire l’objet d’une prescription médicale ouvrant droit à un remboursement Sécurité Sociale. Le suivi en pharmacie pour les soins « ongles » ou « peaux » n’est pas toujours remboursé.

• Demander l’avis médical : Toujours en parler à l’équipe de soins, surtout en cas d’infection, de fragilité cutanée majeure ou de traitements nécessitant des mesures de précaution particulières.
• Privilégier les professionnels formés : La formation à l’oncologie et la connaissance des complications possibles (lymphœdème, hypersensibilité, risque infectieux) sont indispensables.

• INCa (Institut National du Cancer) : dossiers « soins de support ».
• Ligue contre le cancer - Les comités départementaux d’Île-de-France proposent parfois ces prestations ou orientent vers les lieux adaptés.
• Institut Curie ou Gustave Roussy : pages « Vivre avec le cancer ».
• Ministère de la Santé, rubrique « cancer et qualité de vie ».

Prendre soin de son apparence durant et après les traitements n’a rien de superficiel : c’est une demande forte, partagée par la grande majorité des personnes touchées par le cancer, hommes et femmes confondus. En Île-de-France, l’offre progresse mais reste encore inégale selon les territoires. Associations, hôpitaux, bénévoles œuvrent pour que chaque patient trouve, près de chez lui, un espace pour retrouver estime de soi, détente et confiance, même dans la traversée de la maladie. Cette dynamique rejoint les orientations nationales récentes, qui font du mieux-être un volet à part entière des parcours de soins (source : Stratégie décennale cancers, 2021-2030).

Pour identifier les lieux près de chez soi, ne pas hésiter à solliciter l’équipe soignante, les assistantes sociales de l’hôpital, les Espaces Ligue contre le cancer, ou les plateformes associatives régionales. Parce que le bien-être n’est pas un luxe, mais une nécessité.