Pourquoi l’activité physique joue un rôle clé pendant un traitement contre le cancer ?

Bouger est souvent la dernière chose à laquelle on pense lorsqu’on traverse un traitement lourd. Pourtant, l’activité physique adaptée (APA) s’impose aujourd’hui comme une alliée solide face au cancer. En 2022, l’Institut National du Cancer rappelle que l’activité physique contribue à réduire les effets secondaires des traitements, à maintenir l’autonomie et, dans certaines situations, à améliorer le pronostic (source : INCa).

D’après la Société Française de Médecine de l’Exercice et du Sport, pratiquer une activité physique régulière, même modérée, diminue la fatigue chronique chez près de 50 % des patients. Elle limite également la fonte musculaire, le risque cardiovasculaire, la prise de poids, l’anxiété ou encore la dépression souvent liée à la maladie.

Enfin, selon une étude de 2021 publiée dans le JAMA Oncology, une marche quotidienne de 30 minutes peut déjà réduire de 20 à 30 % la sensation de fatigue chez des personnes sous chimiothérapie pour un cancer du sein ou du côlon (JAMA Oncology).

Quelles activités physiques sont recommandées pendant un traitement ?

L’activité physique ne se résume pas au sport : marcher, faire du vélo, nager, jardiner, bouger chez soi… Toutes les formes adaptées sont bénéfiques. Néanmoins, certaines activités ressortent par leur accessibilité et leur bénéfice chez les personnes en traitement.

1. La marche : l’activité la plus accessible

  • Avantages : Ne nécessite pas d'équipement spécifique, praticable à son propre rythme, en intérieur ou à l’extérieur.
  • Conseillé : Fréquence de 20 à 30 minutes par jour, ou 2 à 3 fois par semaine, en fonction de la tolérance et de la fatigue. La Ligue contre le cancer indique que la marche réduit la fatigue et améliore le sommeil chez 6 patients sur 10 (Ligue).

2. Les exercices d’assouplissement et de renforcement musculaire

  • Avantages : Maintiennent la masse musculaire et évitent les raideurs dues à l’inactivité ou à certains traitements comme la cortisone ou l’hormonothérapie.
  • Exemples : Étirements doux, pilates, gymnastique douce, yoga adapté. L’objectif n’est pas la performance, mais de conserver la mobilité.

3. Le vélo (d’appartement ou classique)

  • Avantages : Sollicite le cœur et les muscles en douceur, activité assise, ce qui la rend possible même en cas de fatigue importante.
  • Conseil : Séances courtes (10-20 minutes), augmenter progressivement la durée.

4. La natation : un soutien pour la mobilité et la fatigue

  • Avantages : Peu de contraintes articulaires, sensation de légèreté dans l’eau, bonne alternative pour les personnes en surpoids ou ayant des douleurs articulaires.
  • Précautions : Surveillance particulière en cas de neutropénie (défense immunitaire basse), privilégier les piscines bien entretenues et éviter les bains publics si risque infectieux élevé.

5. Les activités de relaxation et corporelles

  • Exemples : Tai Chi, Qi Gong, sophrologie en mouvement, relaxation dynamique. Ces pratiques permettent d’allier travail du souffle, mobilisation douce et gestion du stress.
  • Point fort : Adaptées aux personnes éprouvant des peurs ou des douleurs persistantes. Reconnues dans de nombreux centres d’oncologie pour leur capacité à diminuer le stress et moduler la douleur par l’attention portée au corps (source : Institut Curie).

Comment adapter l’activité physique à chaque situation ?

Chaque parcours de soin est unique. L’activité physique doit impérativement s’adapter à l’état de santé, au type de cancer, aux traitements en cours et aux éventuels effets secondaires.

Les grands principes à respecter

  • Évaluation médicale préalable : Toujours en parler à l’oncologue ou au médecin traitant avant d’entreprendre une activité.
  • Commencer progressivement : Même quelques minutes par jour peuvent suffire. L’objectif est la régularité, plus que la performance.
  • Adapter en fonction des jours : Accepter les périodes de fatigue ou d’impossibilité. Ralentir sans culpabiliser.
  • S’hydrater suffisamment et éviter les efforts lors de fortes chaleurs ou en cas d’infection.

Focus : Effets secondaires et adaptation de l’activité

Effet secondaire fréquemment rencontré Recommandations pratiques
Fatigue intense Préférer des séances courtes, fractionnées, marcher à allure lente, privilégier les activités à domicile.
Diminution des défenses immunitaires Éviter les lieux publics fermés, opter pour les exercices à la maison ou en petit groupe encadré, privilégier les espaces aérés.
Difficultés articulaires, douleurs ou neuropathies Favoriser la natation ou les mouvements en douceur (yoga adapté, Tai Chi), éviter le port de charges.
Perte musculaire Intégrer des exercices de renforcement musculaire doux, même avec un élastique léger ou une balle.

Activité physique adaptée (APA) : où la pratiquer en Île-de-France ?

Depuis 2017, la prescription d’activité physique adaptée est reconnue en France pour les personnes atteintes de maladies chroniques dont le cancer (source : HAS). De nombreux réseaux et structures proposent des séances encadrées, souvent remboursées partiellement ou totalement selon les cas.

  • Les réseaux de santé et associations franciliennes :
    • Maison Sport Santé : Présentes dans chaque département, elles proposent des bilans et des ateliers d’APA menés par des éducateurs spécialisés.
    • La Ligue contre le cancer (comités 75, 92, 93, 94…) : Ateliers marche, yoga, gym douce à Paris et banlieue, parfois à domicile.
    • CAMI Sport & Cancer : Programme « Sport et Cancer » dans plus de 12 hôpitaux d’Île-de-France, encadré par des kinésithérapeutes et enseignants en APA (CAMI).
    • Oncologie 92, APSAS, Vie & Espoir : proposent des ateliers collectifs gratuits ou à prix modique, souvent sur prescription médicale.
  • Dans les hôpitaux et CLCC (Centres de Lutte Contre le Cancer) : Institut Curie, Hôpital Européen Georges-Pompidou et Gustave-Roussy intègrent l’APA dans le parcours patient avec un encadrement professionnel.

Pour obtenir un accompagnement personnalisé, il est conseillé de se rapprocher :

  • Du service social ou du pôle « soutien au patient » de l’hôpital ;
  • De son médecin traitant, pour obtenir une prescription d’APA remboursable dans certains cas ;
  • Du réseau ONCO-Île-de-France (coordination et orientation vers des structures spécialisées).

Questions fréquentes posées autour de l’activité physique en cours de cancer

  1. Peut-on faire du sport pendant la chimiothérapie ou la radiothérapie ? Oui, à condition de respecter les signaux de son corps et l’avis médical. Des études montrent que même une activité légère réduit la fatigue liée à la chimiothérapie de façon significative (source : Inserm, 2020).
  2. Les activités physiques présentent-elles des risques ? Les risques existent mais sont limités quand l’activité est adaptée, progressive et encadrée. Des précautions sont à prendre en cas de troubles cardiaques, de chute du taux de globules blancs, ou si l’immunité est affaiblie.
  3. Comment rester motivé(e) ? Pratiquer à plusieurs, intégrer un groupe ou demander un soutien professionnel. Se fixer de petits objectifs réalistes, sans pression.
  4. L’activité physique est-elle réservée à certains types de cancer ? Non. L’OMS recommande l’exercice pour tous les cancers, en adaptant la quantité, le type et l’intensité au cas individuel.

Perspectives : bouger, même un peu, change la donne

L’activité physique n’est pas un luxe mais une ressource précieuse, souvent sous-utilisée, dans la lutte contre le cancer. Les professionnels comme les associations insistent sur un principe : ce qui compte, c’est d’avancer, à son rythme. Les bénéfices se mesurent en mobilité, en énergie, mais aussi en qualité de vie au quotidien.

Que l’on soit patient, proche ou aidant, il existe aujourd’hui, en Île-de-France, des réseaux prêts à accompagner chacun dans la reprise (ou la découverte) d’une activité physique adaptée. Prendre ce temps pour soi, c’est aussi retrouver un élan, parfois une confiance, dans le parcours du soin. N’hésitez pas à solliciter un professionnel pour vous orienter vers les bons dispositifs.

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